Point du jour:
22-4-2025
Ceux qui ont vécu l’arrestation du chef des Forces Libanaises, Dr. Samir Geagea, le 21 avril 1994, ont eu l’impression, l’espace d’un instant, d’assister à la fin de l’histoire — celle d’une cause, de la résistance libanaise, de l’existence libre, des caravanes de martyrs et des épopées militaires. À leurs yeux, tout était fini. Il n’y avait plus ni valeur, ni raison de continuer à vivre au Liban. Car avec l’arrestation de “Al-Hakim”, les rêves de bâtir une patrie lumineuse et libre, digne des sacrifices des martyrs et fidèle à ceux qui s’étaient battus pour elle, s’étaient éteints.
Pour ceux qui ont vécu l’arrestation de “Al-Hakim”, le temps s’est figé au 21 avril 1994. Ils ont cru que ce jour marquait la fin du Liban, que tous les jours qui suivraient seraient indistincts, sans couleur, sans goût, sans sens, sans espoir ni rêve. La dernière page du calendrier accroché aux murs et gravé dans les esprits était figée au 21 avril. Le passage des jours avait perdu tout sens, car rien de ce qui viendrait ne pourrait ressembler à ce qui avait été. La vie elle-même était vidée de son sens, sauf si elle portait une signification humaine et spirituelle — sinon, l’existence humaine n’était plus différente de celle d’un animal.
Ceux qui ont assisté à l’arrestation de “Al-Hakim” pensaient que le 21 avril était la fin de l’histoire. Mais à partir de cette date même, un combat s’est engagé, entre ceux qui avaient arrêté le chef des Forces Libanaises et qui voulaient que cette arrestation soit sa fin, la fin de son parti, de sa cause et de son parcours, et entre Geagea lui-même, qui voulait faire de cette arrestation non pas une fin, mais un commencement. Un commencement d’une nouvelle phase de lutte, aussi profonde et essentielle que les précédentes, la seule différence étant dans la forme de la résistance, non dans sa substance.
Si le Dr Geagea n’avait pas résisté, cette date aurait véritablement marqué la fin d’un symbole, d’un leader, d’un mouvement, et d’une époque. Ce qui serait venu après aurait eu peu d’importance, la vie aurait continué, comme elle le fait depuis des millénaires, mais l’enjeu principal résidait dans la personne même de Geagea. Sa défaite aurait signifié la fin de l’histoire ; sa résilience, au contraire, en a assuré la continuité.
Hafez el-Assad voulait que l’arrestation de Samir Geagea, le 21 avril, soit la fin de l’homme qui avait fait échouer l’Accord Tripartite — un message clair à quiconque rejetait l’annexion du Liban à la Syrie. De son côté, Geagea voulait que son arrestation incarne la continuation de ce même affrontement, un nouveau chapitre dans la même lutte. En essence, le combat opposait ceux qui voulaient faire du 21 avril un revers, une catastrophe, une défaite, à ceux qui voulaient transformer cette date en une épopée d’héroïsme, de victoire, de renaissance et de leçon pour toutes les générations : que par l’endurance, la persévérance et la foi, l’humanité triomphe — surtout lorsque cette résilience est mise au service de la vie et de la liberté humaine.
Ils voulaient que le 21 avril brise Samir Geagea, afin de briser le dernier maillon de la liberté au Liban et d’écraser la volonté d’une société libre. Mais par sa résilience, Geagea a brisé les chaînes et les barreaux, offrant un exemple vivant de dignité, de liberté et de fierté. Ils voulaient que le 21 avril marque la fin d’un mouvement révolutionnaire appelé les Forces Libanaises, mais par son endurance, il a transformé cette date en début d’un nouveau chapitre dans le livre de la cause, pour l’être humain libre au Liban.
Ceux qui ont vécu l’arrestation de “Al-Hakim” et qui y repensent aujourd’hui tirent de nombreuses conclusions, mais la plus importante est que « la vie tourne comme une roue », et que le monde peut s’endormir dans une réalité et se réveiller dans une autre. Qu’il n’y a de fin que dans la mort. Que certaines personnes écrivent leur propre fin de leurs propres mains. Que ceux qui ont souhaité la fin des Forces Libanaises ont disparu de la carte. Et que le chemin de la victoire doit être pavé de fermeté dans la défense d’une culture de vie.