Point du jour :
24-04-2025
Au moment même où le président Joseph Aoun confirmait le lancement de discussions entre lui-même et « le Parti » pour mettre en œuvre la décision de confiner les armes exclusivement à l’État — insistant sur le fait que cela se ferait « avec sagesse » et « sans violence » —, il déclara que ce dialogue serait bilatéral entre la présidence et « le Parti », révélant l’existence « d’échanges de messages pour aborder la question de la possession exclusive des armes », et exprimant l’espoir que « les armes du Parti seraient retirées et que seul l’État détiendrait des armes d’ici 2025 ».
Au même instant, « le Parti » annonçait indirectement, par le biais de son organe médiatique Al-Akhbar, que « le dialogue entre Aoun et le Parti n’a pas encore commencé ».
Ne pouvant contredire ouvertement le président, il a affirmé : « Il n’y a ni discussion ni dialogue, seulement des questions sur des sujets généraux qui pourraient, à terme, mener à un dialogue. Le Parti rejette fermement toute approche de ses armes fondée sur l’illusion que la résistance est morte et enterrée. Il n’est nullement question de désarmement ou d’abandon des armes, mais plutôt de leur organisation dans le cadre d’une stratégie servant la sécurité et la souveraineté du Liban. Certaines conditions doivent être remplies avant toute discussion, notamment le retrait israélien, la cessation des agressions quotidiennes, la libération des prisonniers, entre autres. »
C’est la première fois depuis que le président a révélé, il y a environ deux semaines, son dialogue bilatéral avec « le Parti », que ce dernier adopte une position niant le début de ce dialogue — alors qu’il aurait pu émettre ce démenti immédiatement après l’annonce présidentielle. Cette confusion pourrait résulter de l’un des quatre scénarios suivants :
Première possibilité : Il existe plusieurs factions au sein du Parti. Certaines soutiennent le dialogue et l’abandon du rôle armé, et l’auraient fait savoir au président ; d’autres rejettent tout dialogue sur les armes et conditionnent la fin de ce rôle à la réapparition du Mahdi. Cette hypothèse de divergences internes — entre partisans du dialogue et opposants — ne doit pas être écartée, d’autant plus que l’assassinat du secrétaire général du Parti et de presque toute la direction a créé un vide et entraîné des divisions internes. La direction actuelle ne parvient pas à maintenir la cohésion.
Deuxième possibilité : Le Parti a effectivement accepté le dialogue bilatéral avec le président, et celui-ci a déjà commencé, sans quoi le président ne l’aurait pas annoncé. Cependant, le tumulte que cette annonce a provoqué dans sa base et sa crainte de voir surgir des divisions internes profondes l’ont conduit à durcir sa position sur les armes et à nier le lancement du dialogue avec Baabda, agissant selon le principe que l’unité interne prime sur tout le reste.
Troisième possibilité : Le Parti a donné son accord au dialogue et a entamé des démarches pratiques et opérationnelles, mais souhaitait que le processus reste confidentiel. Une fois le dialogue révélé par le président — qui en a informé le gouvernement lors d’un conseil des ministres, où le commandant de l’armée a présenté le mécanisme d’extension de l’autorité de l’État —, le Parti a alors décidé de nier publiquement tout accord pour éviter l’embarras au sein de sa communauté. Toutefois, il pourrait continuer à coordonner en pratique avec le président pour démanteler sa structure militaire, surtout que le président Joseph Aoun n’aurait pas fixé la fin de 2025 comme échéance pour l’exclusivité des armes à l’État sans l’accord du Parti.
Quatrième possibilité : La direction iranienne du Parti ne l’a peut-être pas informé du prélude aux négociations officielles avec Washington. Lorsque le président Aoun a annoncé le lancement du dialogue bilatéral avec le Parti, ces négociations n’avaient pas encore été rendues publiques. Dans ce contexte, les déclarations de l’ambassadeur iranien selon lesquelles le désarmement est un complot reflètent la volonté de Téhéran de ne pas « griller la carte » du Parti avant que les négociations ne soient achevées. L’Iran considère toujours le Parti comme une carte utile à utiliser, faire valoir ou échanger, et ne voit aucun intérêt à s’en débarrasser prématurément.